Le végétal, nouveau
pétrole ?
L’Académie d’Agriculture de
France s’intéresse depuis plusieurs années à la valorisation de la matière
biologique végétale notamment pour des applications autres qu’alimentaires. En
effet, suite à l’« oubli » qu’a amené l’arrivée des produits carbonés
fossiles, charbon, gaz et pétrole, dans les pays développés, nous redécouvrons
depuis peu que beaucoup de produits chimiques carbonés (lubrifiants, solvants,
tensioactifs, etc.), matières énergétiques et matériaux (matières plastiques,
par exemple) peuvent aussi être fabriqués à partir de la matière biologique, la
biomasse, à des coûts énergétiques relativement bas tout en rejetant peu de gaz
à effet de serre et de produits toxiques dans l’environnement. Cette prise de
conscience nous a amenés à revoir notre façon de penser et notre manière de
vivre et à nous orienter vers une nouvelle économie dite bioéconomie, qui préconise de réduire ou de remplacer le plus possible
l’utilisation de ces hydrocarbures fossiles par des ressources végétales
renouvelables produites par la photosynthèse.
Cet ouvrage rappelle tout
d’abord les problèmes posés par l’utilisation massive, voire exclusive dans
certains cas, des produits fossiles pour la chimie et la fabrication des
matériaux à base de carbone. Il décrit ensuite les principaux composés
rencontrés dans les végétaux et leurs transformations en biomolécules et
bioproduits, à la base de la chimie organique. Il évoque les avantages et les
problèmes posés par cette approche durable de la chimie, aux racines finalement
ancestrales. Une liste des principales plantes d’intérêt est donnée pour montrer
combien de nombreux végétaux sont encore détenteurs de molécules originales
pour la chimie, parfumerie et cosmétologie incluses. Une discussion conclusive
sur les retombées économiques, sociétales et environnementales de cette
approche « chimie biosourcée » montre que cette économie
« verte » n’est pas une utopie mais une réalité qui prend forme dans
un monde conscient des limites de l’utilisation excessive des produits
fossiles. Dans un esprit de synthèse, sans être exhaustifs, nous avons essayé
d’être les plus objectifs possible dans les débats qu’engendre cette nouvelle
approche de la chimie issue essentiellement de produits biologiques végétaux.
Ces réflexions essaient de croiser, sans a
priori ni exclusive, les connaissances les plus récentes avec les attentes
technologiques nécessaires à une chimie et agriculture durables.
Jean-François Morot-Gaudry, directeur de recherche
honoraire de l’INRA, a animé à
l’Académie d’agriculture de Franc un groupe de travail intéressé par la
valorisation non alimentaire des
produits agricoles en chimie et
biomatériaux. Les résultats des recherches et réflexions de ce groupe
ont fait l’objet de la publication de cet ouvrage.
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